Urban Art Fair 2025 : l’art urbain s’impose au Carreau du Temple
Du 24 au 27 avril 2025, le Carreau du Temple à Paris a de nouveau vibré au rythme de l’Urban Art Fair, rendez-vous incontournable pour les amateurs, les curieux et les collectionneurs d’art urbain. Cette neuvième édition a confirmé la place centrale de la foire dans le paysage artistique contemporain, en réunissant une quarantaine de galeries internationales et une programmation riche en découvertes.

« Avec “Obey!”, on voulait interroger la manière dont le street art, né dans la rue comme acte de rébellion, est aujourd’hui absorbé par la culture mainstream. Ce nettoyeur qui porte un tee-shirt “Obey” incarne cette ironie : le symbole de la contestation est devenu une marque ».
Murmure (Paul Ressencourt & Simon Roché) – Artistes et créateurs de l’affiche officielle de l’Urban Art Fair.
Cette œuvre, exposée sur le stand de la Mazel Galerie, a suscité de nombreuses discussions sur la commercialisation de l’art urbain.
1. Les spécificités de l’Urban Art Fair 2025
Une édition marquée par l’ouverture internationale
Cette année, la foire a accentué sa dimension internationale : 43 galeries, dont plus de la moitié venues de l’étranger (Allemagne, Espagne, Corée du Sud, États-Unis, Belgique..). Cela reflète une volonté de faire dialoguer les scènes locales et globales du street art, et de mettre en lumière des talents moins visibles sur le marché français. Paris s’impose comme un carrefour de l’art urbain mondial.


Une réflexion sur la mémoire du street art
Des stands comme celui du Museum of Graffiti (Miami) ou la collaboration entre Logan Hicks et Martha Cooper ont rappelé que le street art a une histoire. Il ne s’agit plus seulement d’un art “à la mode”, mais aussi d’un patrimoine à documenter, archiver, transmettre. Leur stand a offert une perspective historique enrichissante sur l’évolution du graffiti.
« Présenter à Paris des œuvres inédites de GIZ, T-KID 170 et d’autres légendes du graffiti, c’est un pont entre les racines new-yorkaises du mouvement et son rayonnement mondial. » Museum of Graffiti.


L’arrivée du numérique et des nouvelles formes
L’intégration des NFT, de l’art génératif, ou des œuvres immersives confirme que l’art urbain évolue avec son temps. Certaines galeries ont exposé des œuvres digitales ou interactives, qui interrogent la frontière entre virtuel et réel, entre rue et écran.
Une édition sous le signe de la diversité et de l’engagement
Cette année, l’Urban Art Fair a su mêler avec finesse les signatures reconnues du street art — comme JonOne ou L’Atlas — et les talents émergents. Des œuvres monumentales aux formats plus intimistes, la foire a offert un panorama complet de la création urbaine actuelle : peinture, photographie, collage, installation, sculpture…


On a particulièrement remarqué une tendance à l’engagement, qu’il soit social, politique ou écologique. Plusieurs artistes ont utilisé leur medium pour interroger le monde qui nous entoure, entre poésie visuelle et dénonciation frontale. Le street art, fidèle à son ADN contestataire, continue d’être un miroir des tensions contemporaines.
Une fréquentation en hausse et un engouement renouvelé
Avec une fréquentation estimée à plus de 25 000 visiteurs sur quatre jours, cette édition 2025 confirme l’engouement croissant pour l’art urbain, longtemps marginalisé mais désormais pleinement intégré aux institutions artistiques. La présence accrue de collectionneurs et de professionnels témoigne aussi d’une reconnaissance du street art sur le marché de l’art, sans pour autant trahir son esprit libre et subversif.


Affluence : L’édition 2025 a rassemblé environ 100 artistes et 43 galeries issues d’une douzaine de pays, dont 25 exposaient pour la première fois ou revenaient après une absence.
Profil des visiteurs : La foire attire chaque année des collectionneurs, des professionnels du marché de l’art et des amateurs.
Prix des œuvres : Les œuvres exposées varient en taille et en technique, avec des prix allant de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers d’euros, en fonction de la notoriété de l’artiste et de la complexité de l’œuvre.


2. La scène street art française bien représentée
L’édition 2025 de l’Urban Art Fair a rassemblé plusieurs figures majeures de l’art urbain français, confirmant ainsi son rôle central dans la scène street art hexagonale.
Les artistes emblématiques présents
Parmi les figures majeures de la scène française présentées lors de cette édition, on peut citer :
Invader : il a hacké la terre entière avec ses mosaïques inspirées du jeu Space Invaders.
Hopare : reconnu pour ses portraits réalistes et dynamiques mêlant lignes géométriques et couleurs vives.


« Ma sculpture en marbre est une tentative de figer la fragilité humaine dans un matériau éternel. Elle symbolise la tension entre la force brute et l’émotion intérieure » Hopare.
Cette pièce a marqué les visiteurs par son contraste entre la délicatesse des lignes et la robustesse du matériau.
Maye : figure incontournable de la scène street art française. Originaire de Sète, il est reconnu pour ses personnages élancés et ses compositions oniriques mêlant poésie, humour et critique sociale.


Les talents confirmés et émergents
L’Urban Art Fair 2025 a également mis en lumière des artistes français confirmés et émergents, tels que :
Yann L’outsider dont le travail fusionne habilement les codes du graffiti et de l’abstraction contemporaine. Il explore des formes géométriques, des jeux de contrastes et des textures qui donnent à ses œuvres une dynamique visuelle forte et poétique. Son art, souvent réalisé in situ sur des murs ou des supports variés, questionne la place de l’écriture et du geste dans l’espace urbain comme dans les galeries. Il s’impose ainsi comme une figure singulière du street art, entre spontanéité et maîtrise graphique.


Nous pouvons également citer le travail de Gris1 qui se distingue par un univers visuel riche et coloré, combinant typographies “home made”, formes vectorielles et éléments figuratifs. Ses œuvres, véritables patchworks d’influences, oscillent entre naïveté enfantine et complexité graphique, reflétant une quête constante d’innovation et de liberté artistique.
Gris1, membre éminent du collectif Da Mental Vaporz (DMV), fondé en 1999, collabore avec des artistes tels que Bom.K, Brusk, Dran et Sowat pour créer des fresques monumentales mêlant graffiti, illustration et abstraction.

Solo show
La galerie Outsiders de Rouen présentait un solo show. C’est le travail de Skio qui était mis en lumière avec une master pièce et des formats plus adaptés aux intérieurs de particuliers. On retrouve dans ses œuvres ses études en design, son amour pour le Bahaus et son architecture, l’inscription du corps dans l’espace, le surréalisme… Tout en questionnant la perte d’identité dans notre génération.



La galerie Prazowski a consacré une rétrospective à Kan/DMV, figure majeure du néo-pointillisme et membre du collectif Da Mental Vaporz, soulignant son influence sur la scène artistique contemporaine.

Cette édition a ainsi offert un panorama riche et diversifié de l’art urbain français, mêlant artistes établis et nouvelles figures, confirmant la vitalité de cette scène artistique.
Découvrez les artistes qui composent l’équipe Background Paris
3. Les événements “off” de l’Urban Art Fair
Installations et expositions hors les murs
L’Urban Art Fair 2025 a présenté des installations artistiques en dehors du Carreau du Temple, permettant aux visiteurs de découvrir des œuvres dans l’espace public parisien. Ces initiatives visaient à rapprocher l’art urbain de son environnement d’origine et à offrir une expérience artistique accessible à tous.
Dans ce contexte, les galeries Lafayette ont accueilli l’installation colorée d’Arnaud Liard.


Conférences et projections
Des cycles de conférences ont été organisés, réunissant des artistes et des intervenants internationaux renommés pour discuter de l’évolution de l’art urbain, de son intégration dans le marché de l’art et de son impact culturel. Par ailleurs, des projections de courts-métrages ont été proposées, notamment en partenariat avec l’Urban Films Festival, mettant en lumière la diversité des pratiques et des modes de vie urbains.
Performances en direct et rencontres
L’édition 2025 a également inclus des performances en direct, où les visiteurs ont pu assister à la création d’œuvres en temps réel, et des séances de dédicaces avec les artistes, favorisant ainsi des échanges directs entre le public et les créateurs.
Ces événements « off » ont permis de prolonger l’expérience de la foire au-delà des murs du Carreau du Temple, renforçant l’interaction entre l’art urbain et la ville de Paris.
L’Urban Art Fair, plus qu’une foire, un manifeste
Au-delà d’un simple salon, l’Urban Art Fair s’impose aujourd’hui comme un espace de dialogue, de découverte et de réflexion sur ce que peut (et doit) être l’art contemporain. En rassemblant des artistes de tous horizons et en valorisant une création urbaine riche et protéiforme, elle continue d’écrire l’histoire d’un mouvement en perpétuelle évolution.

